Du 19 au 22 janvier 2012, trois enseignantes du lycée, Mmes Bidaud, Letissier et Nassehi, ont accompli ce voyage d'étude qui les a menées, en passant par Paris, jusqu'à Cracovie et Auschwitz dans des conditions météorologiques pour le moins rigoureuses. Le programme était le suivant :
À ces photographies qui tentent de fixer des traces vidées, le poème « Todesfuge » de Paul Celan apporte peut-être un début de signification.
Fugue de mort |
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Lait noir de l’aube nous le buvons le soir
le buvons à midi et le matin nous le buvons la nuit
nous buvons et buvons
nous creusons dans le ciel une tombe où l’on n’est pas serré
Un homme habite la maison il joue avec les serpents il écrit
il écrit quand il va faire noir en Allemagne Margarete tes cheveux d’or
écrit ces mots s’avance sur le seuil et les étoiles tressaillent il siffle ses grands
chiens
il siffle il fait sortir ses juifs et creuser dans la terre une tombe
il nous commande allons jouez pour qu’on danse
Lait noir de l’aube nous te buvons la nuit
te buvons le matin puis à midi nous te buvons le soir
nous buvons et buvons
Un homme habite la maison il joue avec les serpents il écrit
il écrit quand il va faire noir en Allemagne Margarete tes cheveux d’or
Tes cheveux cendre Sulamith nous creusons dans le ciel une tombe où l’on n’est pas
serré
Il crie enfoncez plus vos bêches dans la terre vous autres et vous chantez jouez
il attrape le fer à sa ceinture il le brandit ses yeux sont bleus
enfoncez plus les bêches vous autres et vous jouez encore pour qu’on danse
Lait noir de l’aube nous te buvons la nuit
te buvons à midi et le matin nous te buvons le soir
nous buvons et buvons
un homme habite la maison Margarete tes cheveux d’or
tes cheveux cendre Sulamith il joue avec les serpents
Il crie jouez plus douce la mort la mort est un maître d’Allemagne
il crie plus sombre les archets et votre fumée montera vers le ciel
vous aurez une tombe alors dans les nuages où l’on n’est pas serré
Lait noir de l’aube nous te buvons la nuit
te buvons à midi la mort est un maître d’Allemagne
nous te buvons le soir et le matin nous buvons et buvons
la mort est un maître d’Allemagne son œil est bleu
il vise tire sur toi une balle de plomb il ne te manque pas
un homme habite la maison Margarete tes cheveux d’or
il lance ses grands chiens sur nous il nous offre une tombe dans le ciel
il joue avec les serpents et rêve la mort est un maître d’Allemagne
tes cheveux d’or Margarete
tes cheveux cendre Sulamith
Le poème, écrit en 1945, se trouve dans le recueil Pavot et mémoire (1952). Il est ici traduit par Jean-Pierre Lefebvre.
Prolongements :
- un beau site consacré à Paul Celan, sa vie et un choix de poèmes.
- une autre traduction par Maël Renouard, publiée en 2008. Avec des commentaires sur les choix de traduction.
- et pour les germanistes le texte original.
- l'article consacré à Jan Karski sur ce blog.